Commentaire de la critique de la faculté de juger d'Emmanuel Kant
L'intérêt majeur de la troisième des Critiques kantiennes est que son auteur s'y affronte à lui-même en cherchant la solution de difficultés dont .. Lire la suite
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L'intérêt majeur de la troisième des Critiques kantiennes est que son
auteur s'y affronte à lui-même en cherchant la solution de difficultés
dont il a conscience que son système les laisse pendantes, bref en
cherchant à sauver ce dernier de ce qui le menace de l'intérieur.
Parallèlement, nul doute que cette dernière oeuvre ait préludé à
l'histoire de la science naturelle ultérieure en réhabilitant
philosophiquement les concepts et principes majeurs du finalisme
aristotélicien, soit d'une conception de la nature qui donne à
comprendre comment l'agir humain peut s'exercer et être pensé sans
contradiction avec ce qui le précède et le rend possible.
Dès lors
que ladite science en est arrivée à renoncer au pseudo- déterminisme de
la mécanique classique, le principe qui pour Kant menaçait
essentiellement l'humanisme moral doit cesser du même coup d'être
considéré comme un a priori constitutif de l'explication scientifique
des réalités naturelles. Disparaît alors ce qui a été, de l'aveu même de
Kant, la motivation fondamentale qui a donné son sens à la construction
de son système.
Si l'on ajoute à cela les contradictions qu'un
Vaihinger, entre autres, n'a pas manqué de relever dans la Critique de
la raison pure, on trouvera chez Kant les meilleures raisons de faire
retour à la métaphysique à laquelle il passe pour avoir mis fin. C'est
peut-être à ce titre qu'il y a lieu de considérer la Critique de la
faculté de juger comme le "couronnement" de l'oeuvre de Kant, soit comme
le moment où, poussant à sa limite l'intelligence de son propre
système, il indique la voie dans laquelle celui-ci se révèle apte à
produire des fruits philosophiques que sa lettre ne laissait pas
prévoir.