La démocratie disciplinée par la dette
La dette est devenue un outil de gouvernement de la démocratie. Si la crise sanitaire a ouvert une brèche dans les politiques qui lui sont liées, .. Lire la suite
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La dette est devenue un outil de gouvernement de la démocratie. Si la
crise sanitaire a ouvert une brèche dans les politiques qui lui sont
liées, celle-ci risque vite de se refermer. Il est donc indispensable de
s'armer pour bien argumenter face à ceux qui ne rêvent que de revenir à
l'austérité. Les institutions publiques de la dette et de la monnaie
(Trésor et Banque centrale) opèrent aujourd'hui comme une usine à
garantie de l'industrie financière privée.
Mais émettre une dette
qui puisse satisfaire l'appétit des investisseurs mondiaux n'est pas
sans risque pour la démocratie et s'accompagne de contreparties
sociales, économiques et politiques qui sont négociées, à l'ombre de la
vie politique, sur les scènes marchandes d'attestation du crédit. Le
débat public se limite à une pédagogie rudimentaire : il faut payer la
facture de la pandémie et, pour rembourser la dette, consentir à des
sacrifices : travailler plus, augmenter les impôts sur la consommation
(et non sur la fortune), renoncer à des services publics et des droits
sociaux.
Pour les pouvoirs publics, il faut " cantonner " le
potentiel subversif de cette crise sans précédent. Réduite à un
événement exceptionnel et exogène au capitalisme financier, la pandémie
serait une parenthèse circonscrite qu'il conviendrait de refermer au
plus vite sans tirer aucune leçon structurelle, avant de " retourner à
la normale " d'un marché qui sert de garde-fou aux Etats sociaux et
discipline les peuples dépensiers.