" Je crois sincèrement que la meilleure critique est celle
qui est amusante et poétique ; non pas celle-ci, froide et algébrique,
qui, sous prétexte de tout expliquer, n'a ni haine ni amour, et se
dépouille volontairement de toute espèce de tempérament ; mais, - un
beau tableau étant la nature réfléchie par un artiste, - celle qui sera
ce tableau réfléchi par un esprit intelligent et sensible. (...) Pour
être juste, c'est-à-dire pour avoir sa raison d'être, la critique doit
être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de
vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons. "
Baudelaire, ainsi, est tout entier présent dans ces Ecrits sur l'art qui
sont l'autre versant de son œuvre et, en effet, selon son vœu, ouvrent
bien plus d'horizons. Car dans ces pages écrites de 1845 à ses dernières
années, ce n'est pas simplement le critique d'art des Salons que l'on
découvre, mais le théoricien du romantisme et de l'imagination, du beau
et du comique dans l'art, et finalement l'écrivain de cette modernité
qu'il définit - et qui pour nous s'ouvre avec lui.
Editeur :
Le livre de poche